Faire face au harcèlement scolaire

Notes prises à la suite d’une conférence présentée par Olinde Forest (A 180° – Chagrin scolaire)
Pourquoi mon enfant se fait-il harceler?
On se fait harceler parce que le harceleur détecte qu’avec tel enfant c’est plus intéressant. Ce n’est pas une question de style vestimentaire, de détail physique, de maturité ou de sensibilité. Le harceleur détectera chez votre enfant ce sur quoi il pourra le mettre mal à l’aise (car il y a beaucoup d’intuition dans cette affaire). S’il lui est confirmé qu’il aura l’avantage, qu’il ne prend aucun risque à se focaliser sur votre enfant alors il s’engouffrera dans la spirale du harcèlement. C’est à dire de remarques, de piques, de menaces, de chiquenaudes (coups de pieds, de coudes, bourrades…) de manière répétées.
Le plaisir du harceleur se situe dans la contemplation de l’effet produit chez l’agressé. Cette situation est de l’ordre du plaisir pour le harceleur car c’est bien la présence de la Dopamine (l’hormone du plaisir secrétée par le cerveau) qui viendra lui procurer bien-être et réconfort à cet instant.
Comment aider mon enfant contre le harcèlement?
Erreurs courantes à éviter
Ce ne sont pas des erreurs à proprement parler, car elles partent de bonnes intentions, ce sont plutôt des solutions qui n’apportent dans le fond que très peu de résultats sur la durée. Elles n’apportent pas de changements significatifs. Certaines finissent même par renforcer la situation d’humiliation de l’agressé et sa détresse. En voici quelques-unes:
- demander à l’enseignant d’intervenir
- en parler en classe par la confrontation entre les différentes parties
- utiliser des questionnaires anonymes
- faire appel au rectorat
- exclure le harceleur
- aller voir directement les parents du harceleur (de parent à parent)
- essayer de montrer son autorité de parent à l’agresseur en allant directement le voir
Si le parent ou l’enseignant intervient, on signifie plusieurs choses au harceleur. On confirme implicitement que l’agressé est une victime de choix et on confirme que l’agresseur est digne d’intérêt.
Lorsque l’on prend publiquement la défense de l’agressé, en traitant le sujet par la confrontation: « allez faîtes la paix tous les deux », en intervenant directement en sanctionnant l’attitude de l’agresseur, en traitant le sujet en salle de classe en grande assemblée par ex., on vient renforcer le comportement que l’on souhaite voir disparaître (principe des mauvais comportements valorisés au lieu des bons) et le harcelé qui ne sait plus où se mettre se retrouve une nouvelle fois face à son impuissance. L’attitude est louable et compréhensible mais elle n’aide pas à régler définitivement le problème, elle l’accentue au contraire.
En définitive, on égratigne la confiance en soi de l’agressé voir l’atténue dans le sens où il reçoit le message : « tu n’es pas capable de régler ça tout seul!».
Ce qui marche
Ce qui marche le mieux d’après l’approche d’A 180° – Chagrin scolaire , c’est:
1. D’écouter sans jugement le harcelé et sans donner de conseils
Proposer une écoute active et empathique aide l’enfant à se sentir compris et en confiance. Lui faire prendre conscience que nous comprenons très bien son dilemne (y compris celui de ne rien dire à ses parents et aux adultes). Ensuite, lui assurer que nous ne ferons rien sans qu’il soit ok avec.
2. Nous lui proposerons des pistes de réparties qu’il choisira et utilisera SI cela lui convient
Puisque les solutions habituelles choisies par les adultes comme vu plus haut ou celles attendues chez le harcelé (repli sur soi, évitement, larmes, réponses types : « arrête ! », « laisse-moi tranquille ! » et état de sidération) ne règlent en général pas le problème il faut proposer autre chose.
3. répondre par quelque chose d’inattendu
A l’inverse de ce à quoi le harceleur et son public s’attend, cet autre chose c’est l’inattendu. Ex : le harceleur a pris l’habitude d’interpeller sa camarade par « Salut Dori ça va ? » (pour un défaut de mémoire une fois, voir le film Némo), les propositions de réponses sont : imiter un poisson, répondre « c’est bizarre, tu me rappelle quelqu’un mais je ne me souviens plus qui ? », ou « comme un poisson dans l’eau! » , etc.
4. Valider avec lui la proposition et s’y préparer
La démarche auprès de l’élève harcelé doit être soutenante avec des appréciations positives de ce qu’il sait faire. Il faut valider avec lui que les réparties lui conviennent et sont adaptées à la situation. En général il sait évaluer ce qui correspond. Il doit pouvoir s’exercer avec l’adulte à un « jeux » d’improvisation pour se préparer et gagner en assurance dans la perspective d’une prochaine provocation.
En lui apprenant à se « défendre » avec des réparties nous l’aidons ainsi à prendre confiance en lui, à développer de nouvelles compétences et donc à grandir en aisance relationnelle.
Quelques liens pour poursuivre:
- La vidéo réalisée par Okoo (programme télé pour enfant) présente sur la page Facebook de A 180° – Chagrin scolaire
- Le livre qui en parle, d’Emmanuelle Piquet: Te laisse pas faire! Aider son enfant face au harcèlement à l’école
- La page Facebook du jeu Takattak, qui regorge de propositions de réparties postées par les internautes, un régal!: Takattak
- Le site officiel, du plan gouvernemental: Non au harcèlement
Sébastien Cottet.